Découvrez le paysage des isotopes médicaux et des produits radiopharmaceutiques au Canada

Découvrez le paysage des isotopes médicaux et des produits radiopharmaceutiques au Canada

Saviez-vous que le Canada est un chef de file mondial dans la recherche, le développement et la production d’isotopes médicaux ainsi que de produits radiopharmaceutiques depuis plus de 60 ans? Peu de gens sont conscients du rôle du Canada dans cette industrie. Toutefois, plusieurs applications médicales largement utilisées aujourd’hui sont issues des programmes canadiens d’isotopes nucléaires, dont une grande partie des travaux ont été axés sur le diagnostic et le traitement du cancer.

Dans le premier article de notre série, nous avons expliqué les avantages des produits radiopharmaceutiques par rapport aux produits pharmaceutiques traditionnels dans le traitement du cancer. Dans le présent article, nous allons donner un aperçu du paysage des isotopes médicaux et des produits radiopharmaceutiques au Canada. Restez à l’affût de notre dernier article de blogue mettant en vedette l’Initiative CPDC-adMare Radiopharmaceutique (CARI), et comment elle peut être la voie vers la traduction des découvertes radiopharmaceutiques en traitements en clinique.

Faits en bref sur les isotopes au Canada :

  • La Commission canadienne de sûreté nucléaire autorise l’utilisation et la production de plus de 250 isotopes différents au Canada.
  • Selon l’inventaire canadien de l’imagerie médicale, il y a eu 1 444 651 procédures d’imagerie diagnostique au Canada en 2017.
  • Le Canada a une longue et fructueuse histoire de développement de nouveaux produits radiopharmaceutiques, avec un bilan de 62 produits radiopharmaceutiques approuvés par Santé Canada.

Figure 1 : Marché canadien des isotopes médicaux

En 2018, la valeur du marché canadien des isotopes médicaux était estimée à environ 646,2 millions de dollars canadiens (508,4 millions de dollars américains). Elle devrait passer à environ 1,176 milliard de dollars canadiens (925,4 millions de dollars américains) d’ici 2032, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12,7 %.

Ce marché est en expansion en raison de la demande croissante de traitements oncologiques, des nouveaux segments de marché et de l’amélioration du scénario de remboursement concernant la couverture d’assurance.

Le vieillissement de la population, la modernisation continue des établissements de soins de santé et la demande croissante des patients et des médecins figurent parmi les autres facteurs déterminants de la croissance du secteur des isotopes médicaux canadiens.

Figure 2 : Marché canadien du lutétium-177

Plus précisément, les applications thérapeutiques des isotopes médicaux sont de plus en plus courantes et seront probablement les moteurs de la demande du marché au cours des prochaines années. Le lutétium-177 (Lu-177) est un isotope médical émetteur bêta utilisé dans diverses thérapies radionucléides ciblées pour détruire les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines. En 2019, le Lu-177 représente 16 % des émetteurs bêta du marché canadien des produits thérapeutiques. Le réacteur nucléaire de l’Université McMaster est la principale source d’approvisionnement en Lu-177 au Canada. En septembre 2020, le Centre pour le développement et la commercialisation des traceurs (CPDC) et Isotopia Molecular Imaging ont conclu un accord pour la production et la distribution du Lu-177 sans entraîneur en Amérique du Nord. De plus, ITM Medical Isotopes GmbH et Isogen ont signé un accord d’approvisionnement pour fournir du Lu-177 au moyen des réacteurs de Bruce Power en Ontario, complétant ainsi la chaîne d’approvisionnement canadienne en Lu-177. On prévoit que la demande en Lu-177 devrait connaître un taux de croissance annuel moyen de 10,9 % au cours des périodes de prévision 2018-203, en raison de l’utilisation croissante dans le traitement du cancer et d’autres maladies.

Le gouvernement canadien continue d’investir dans la recherche et les installations de pointe afin que le Canada reste un chef de file mondial dans le domaine des isotopes médicaux et des produits radiopharmaceutiques. En 2018, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé un financement fédéral de 10 millions de dollars pour l’Université de Colombie-Britannique afin de construire un nouveau centre de médecine nucléaire, appelé l’Institut des isotopes médicaux avancés (IIMA) au centre TRIUMF (le centre canadien d’accélérateur de particules). Le nouveau bâtiment abritera un accélérateur de particules, des installations de recherche, des équipements, des laboratoires et des bureaux permettant de regrouper en un même lieu la création de matières premières pour les essais cliniques de thérapies potentielles.

« L’Institut des isotopes médicaux avancés offrira des installations à la fine pointe de la technologie où les universitaires et les leaders de l’industrie pourront travailler ensemble. En collaborant, ils pourront repousser les limites de la recherche et découvrir de nouvelles façons de protéger et d’améliorer notre santé », a déclaré M. Trudeau.

Transformer la recherche canadienne de pointe en une industrie nationale prometteuse : Fusion Pharmaceuticals et Abdera Therapeutics

Actuellement, de nombreuses radiothérapies utilisent des radio-isotopes qui émettent des particules bêta et provoquent de petites ruptures dans la structure de l’ADN des cellules cancéreuses pouvant entraîner la mort cellulaire. Certains cancers peuvent résister aux dommages causés par les particules bêta; par conséquent, l’élimination des tumeurs cancéreuses peut être inégale. Les radio-isotopes qui émettent des particules alpha, comme l’actinium-225, sont plus énergétiques que les particules bêta et endommagent davantage l’ADN des cellules cancéreuses, réduisant ainsi les chances de résistance. De plus, les particules bêta peuvent voyager plus loin que les particules alpha; il est donc possible que les particules bêta puissent endommager les cellules saines à proximité.

Les alphathérapies ciblées sont actuellement considérées comme l’un des domaines de la médecine nucléaire et de l’oncologie qui connaît la croissance la plus rapide et susceptible d’entraîner des transformations. Fusion Pharmaceuticals et Abdera Therapeutics sont deux exemples d’entreprises canadiennes qui mettent au point des alphathérapies ciblées pour les patients atteints de cancer.

Fusion Pharmaceuticals a fait ses débuts comme service de R-D au CPDC; elle est devenue une entreprise dérivée en 2015 et basée à Hamilton (Ontario). La molécule [225Ac]-FPI-1434 est le principal candidat clinique de Fusion. L’entreprise a fait appel à sa technologie de liaison rapide ClearMC pour lier l’actinium-225, un radio-isotope émetteur alpha, à un anticorps IGF-1R, soit une cible tumorale bien établie que l’on trouve sur divers types de cellules cancéreuses. Actuellement, le principal candidat clinique est utilisé dans un essai clinique de phase I pour étudier l’innocuité, la tolérabilité, la pharmacocinétique et l’activité antitumorale préliminaire chez les patients atteints de tumeurs solides avancées.

« Les agents émetteurs alpha (particules) ont le potentiel d’éradiquer même les types de cancers les plus résistants et, contrairement aux générations précédentes de produits radiopharmaceutiques thérapeutiques, ils peuvent être administrés dans les installations conventionnelles de traitement du cancer », a déclaré le Dr John Valliant, chef de la direction de Fusion Pharmaceuticals et professeur à l’Université McMaster.

En décembre 2020, Fusion Pharmaceuticals a conclu une entente de collaboration avec le centre TRIUMF pour aider à améliorer l’approvisionnement en actinium-225 au Canada. Dans le cadre de cette entente, Fusion fournira un investissement financier permettant au centre TRIUMF de moderniser son infrastructure de production d’actinium-225, ce qui lui permettra d’avoir accès à une source fiable d’actinium-225 pour son produit phare.

L’intérêt commercial pour cette technologie augmente en raison des avantages évidents de l’alphathérapie ciblée par rapport aux traitements traditionnels et, grâce à celui-ci, Fusion a réussi à lever des fonds pour ses efforts de recherche innovants. Depuis sa création, Fusion a réussi à récolter 150 millions de dollars américains en investissements et a fait une entrée en bourse réussie en juin 2020, en fixant le prix d’une introduction en bourse de 12,5 millions d’actions à 17 dollars chacune, ce qui a permis de lever un produit brut de 212,5 millions de dollars américains.

Abdera Therapeutics a été lancé ce mois-ci par adMare BioInnovations, le partenaire d’affaires en sciences de la vie au Canada, en partenariat avec AbCellera, l’une des entreprises phare de l’industrie, et certains des scientifiques entrepreneurs les plus prospères du pays. Abdera est une société d’oncologie de précision qui se consacre au développement de nouvelles alphathérapies ciblées (TAT) de prochaine génération pour les patients atteints de cancers récidivants, réfractaires et métastatiques. Le financement d’amorçage d’Abdera comprend un engagement total de 8 millions de dollars canadiens; et Abdera exploitera la plateforme de découverte d’anticorps d’AbCellera pour développer des TAT à base d’anticorps contre neuf (9) cibles oncologiques validées cliniquement. Dans le cadre de cette entente, AbCellera recevra des capitaux propres et des fonds pour la recherche; et pourra ensuite recevoir des paiements d’étape clinique et commerciale ainsi que des redevances sur les ventes nettes de produits.

Lana Janes, partenaire d’entreprise d’adMare et cheffe de la direction intérimaire d’Abdera, a déclaré : « lorsque nous avons créé Abdera, nous avons cerné les technologies ayant le plus de potentiel dans ce secteur très prometteur du développement de médicaments et réuni le tout avec une équipe de direction éprouvée. Nous sommes impatients d’établir des thérapies pour les patients sans options de traitement grâce à la profonde expérience commerciale d’Abdera dans le domaine des produits biologiques et radiothérapeutiques; notre partenaire fondateur AbCellera, qui possède une plateforme de découverte d’anticorps de pointe; et de toute la force de l’entreprise adMare derrière nous. »

Gordon C. McCauley, président et chef de la direction d’adMare, a ajouté : « l’équipe d’adMare est fière de lancer notre troisième nouvelle société bien financée cette année. Le Canada a déjà fait la preuve de son leadership mondial dans les technologies de soins de santé fondées sur les radio-isotopes, et notre infrastructure unique nous donne un avantage concurrentiel. Nous sommes prêts à montrer pourquoi le Canada va devenir un chef de file mondial dans le développement de nouvelles thérapies. »

CARI

Vous avez un projet de produits radiopharmaceutiques? Cliquez ici pour en savoir plus et présentez une demande à l’Initiative CPDC-adMare Radiopharmaceutique (CARI).

L’objectif de la CARI est de rechercher et de découvrir les possibilités radiopharmaceutiques découlant des découvertes universitaires et des entreprises précoces, d’établir des programmes rigoureux de développement de médicaments en fonction des possibilités choisies et de favoriser la production de preuves de principe et d’autres données à l’appui de la commercialisation de nouveaux actifs radiopharmaceutiques.

 

Sources :

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